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Budget 2025 : « La France se caractérise à la fois par son niveau de dépense publique et la faiblesse des investissements de long terme »

Les acteurs politiques peinent à s’emparer des enjeux effectifs. Ils tendent à se perdre dans les totems (ce qu’on n’a pas le droit de mettre en question) et les tabous (ce qu’on n’a pas le droit d’évoquer) que les deux mouvances radicales, à droite et à gauche, tentent d’imposer à l’ensemble de la scène politique. Le parti des totems et des tabous vit de l’exacerbation des rancœurs et constitue un danger pour le pays. Si l’on part au contraire de quatre sujets essentiels pour les Français – le pouvoir d’achat, le climat, l’éducation et l’immigration –, ce qui apparaît comme conflictuel peut devenir un terrain d’échange constructif permettant la recherche d’un accord sur la nature du problème et sur les solutions. Cette méthode peut réunir une majorité confortable à condition de s’y engager franchement.
Le pouvoir d’achat est une préoccupation majeure des Français. Les revenus disponibles n’ont quasiment pas progressé depuis 2010 pour toutes les catégories sociales alors que l’endettement public interdit toute fantaisie budgétaire. Le problème à résoudre est celui d’un décalage entre le travail réalisé et le revenu net du travail. On avancera en s’interrogeant sur les niveaux respectifs des minima sociaux – qui peuvent prendre la forme d’un revenu universel –, de l’assurance-maladie et des retraites – qui devraient être remutualisées dans l’esprit du système par points – et enfin du niveau d’investissement pour l’avenir – jeunesse, éducation et recherche, domaines où, en comparaison des retraites, la France est mal placée en Europe.
Le changement climatique et la perte de biodiversité constituent un enjeu majeur. La difficulté réside dans le rythme de la décarbonation de notre économie et dans une juste répartition des efforts demandés. Le volontarisme coercitif et la crispation conservatrice se confortent mutuellement et freinent l’engagement de toute la société. Les bons résultats de l’Europe et de la France prouvent qu’on peut avancer en tenant compte de ce que les citoyens demandent et des exigences écologiques.
Les cibles prioritaires (transports et agriculture d’abord, bâtiments et énergie ensuite) doivent être privilégiées, en excluant tout retour en arrière, avec un rythme adapté à ce que les secteurs sont en mesure de réaliser, en abaissant les marches à franchir pour les plus modestes, et en se protégeant économiquement par une taxe carbone aux frontières européennes.
Le système éducatif français cumule inégalités fortes et performances médiocres. L’objectif est de placer au cœur de la formation initiale et continue la construction de capacités personnelles pour permettre à tous de s’orienter dans le monde et de contribuer au bien de la société. Cela implique de s’attaquer aux poches d’inégalités, au-delà de l’éducation prioritaire. Dans cet esprit, tester les mesures qui ont réussi ailleurs, dans les manières d’enseigner mais aussi dans le recrutement des enseignants ou l’organisation de la carte scolaire, serait utile.
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